LA REGULATION
Avec
les Théories de la Régulation il est possible de comprendre comment
fonctionnent les groupes sociaux et comment il est possible de modifier leurs
fonctionnements.
Avec
la Théorie de Systèmes, on considère ces groupes comme des ensembles pourvus de
mécanismes internes d’échange qui leur permettent de s’adapter aux variations
du milieu environnant pour perdurer, tout en tenant compte des normes, des
règles, auxquelles s’ajustent en permanence les multiples actions internes.
La régulation, ce sont
les interactions internes au système social étudié, qui traitent les
informations externes en fonction des normes correspondant aux finalités du
système, pour produire des résultats (adaptation, fermeture, dissolution,
etc.).
Un
système entre en crise sous l’effet d’informations externes qui viennent
perturber l’équilibre interne. La crise trouve sa solution avec une nouvelle
régulation qui porte sur l’information, sur la norme, sur la production
externe, selon des proportions variées. Ainsi, le groupe peut-il chercher à
réduire les influences externes qui menaceraient son équilibre, multiplier les
productions externes dans une marche en avant qui le maintienne en équilibre,
modifier ses règles propres en changeant de perspective, etc.
L’action
régulatrice est avant tout un travail sur les représentations sociales
du groupe. Même si elle comporte des éléments organisationnels, ceux-ci ne sont
jamais que la conséquence de la modification de point de vue sur les
finalités, sur l’environnement, sur les
composantes internes, etc., du groupe.
Lorsque
les représentations prescrites ou héritées d’un groupe, qui en constituent les
normes, correspondent aux représentations vécues, celles de la société dans
laquelle vit ce groupe, ce groupe (re)produit des
représentations conformes ; c’est l’indice qu’il est totalement intégré à
la société.
Ce
groupe entre en crise lorsqu’il y a divorce entre les représentations vécues et
les représentations induites dans les prescriptions. Un travail sur les
représentations devient alors nécessaire : réaffirmation des
représentations normées, prise en compte des représentations vécues, etc.
Une
réaffirmation trop forte des normes risque d’aboutir à la clôture du groupe sur
lui-même. Une prise en compte trop large de l’environnement risque d’aboutir à
la perte des finalités du groupe. Souvent ces risques sont appelés « crise
d’identité » dans nos sociétés, qui aboutissent à des « refondations »,
à des « réformes », à des « retours aux sources », à des
« bonds en avant », à des « révolutions », etc. Autant de
dénominations pour désigner de multiples régulations possibles.
Dans
les groupes religieux, en particulier ceux d’un ensemble aussi organisé que
l’Eglise catholique, c’est l’œuvre du travail théologique de mettre à jour les
représentations à l’œuvre, et au travail pastoral d’apprécier la pertinence de
leur mise en œuvre.
Le travail théologique
est avant tout un travail sur les représentations du groupe ecclésial ou
des groupes ecclésiaux : ils les définit, il décrit
leur rattachement à des textes fondateurs et à des traditions spécifiques, il
décrypte leurs relations avec l’environnement social, intellectuel, religieux
de différents lieux et temps, il les formule ou reformule, etc.
Le
travail théologique a plusieurs objectifs :
-
apologétique,
qui met en concordance la foi reçue avec les systèmes de pensée environnants,
-
catéchétique,
qui développe les contenus des énoncés de foi,
-
dogmatique,
qui met en cohérence les énoncés de foi reçus,
-
etc.
Lorsqu’il
cherche à aider les pasteurs à « bien agir » (notion d’« orthopraxie »), et donc à « bien »
apprécier la pertinence des représentations mobilisées par l’action des
communautés ecclésiales, le travail théologique doit pouvoir préciser les
modèles de référence de ses propres analyses :
-
quel
statut donne-t-il aux Ecritures ? à
la Tradition ?
-
quel
usage fait-il des Ecritures ? de la Tradition ?
-
de
quel outil se sert-il pour comprendre les changements sociaux ?
-
etc.
Il
lui est donc nécessaire de savoir distinguer les représentations proprement
théologiques dans les représentations sociales qui soutiennent l’action des
communautés ecclésiales. Par exemple, si l’Eglise catholique est système
hiérarchique, l’est-elle comme un Royaume où le Roi recevait l’onction
sainte ? l’est-elle comme une entreprise dont la
structure est fortement pyramidale ? Y a-t-il équivalence, homologie,
différence…, entre la représentation théologique (Eglise hiérarchique) et la
représentation sociale (organisation sociale hiérarchisée) ?
Pour
opérer ces distinctions, le recours à des approches multiples est nécessaire,
de type psychologique, sociologique, historique, anthropologique, etc. Comment
sont-elles utilisées ? quel rapport ont-elles
avec le travail théologique ? à quelle approche
la préférence est-elle accordée ? etc.
La
régulation théologique des pratiques porte sur les représentations
théologiques (Dieu, Christ, Eglise…). Faute de rigueur et de transparence dans
la démarche, on risque de confondre la régulation théologique des pratiques
pastorales avec des régulations de type psychologique, sociologique,
historique, anthropologique, etc., d’identifier ainsi la représentation de
l’Eglise avec une représentation sociale, la représentation eucharistique avec
l’une des représentations sociales que ce sacrement mobilise à l’exclusion des
autres (le repas, la communion, la fête…), la représentation pénitentielle de
même (la réconciliation, la pénitence…).
Aussi
le travail théologique doit-il à la fois porter sur les contenus de foi et sur
l’élaboration de ces contenus. En cela les Théories de la régulation peuvent
être utiles à la réflexion théologique proprement dite.
REFERENCES
Enseignement
universitaire
Thèse
Théories
et Pragmatique de la Régulation ►►►
Théories de
la Régulation appliquée au champ liturgique et sacramentaire ►►►